Vinayaka Chaturthi

Bonjour à tous !

Un peu de retard dans la rédaction de ce blog m’oblige à revenir quelques temps en arrière.

Je veux vous parler ( "de l’arme de demain, enfantée du monde, elle en sera la fin"  … oops je m’égare !) de :

VINAYAKA CHATURTHI

Cette fête, une des plus importantes dans le calendrier hindu, est dédiée à Ganesh, le dieu à tête d’éléphant :

C'est un dieu très aimé et très vénéré car il représente la sagesse, l’intelligence, l’éducation ….Vous vous demandez probablement pourquoi il a une tête d’éléphant, n’est-ce-pas ? On s'est posé la même question et on a donc demandé à Kuntal.

Ganesh est le fils de deux divinités : Parvati et Shiva, dieux eux-mêmes très puissants.

Juste une petite anecdote pour vous montrer encore un paradoxe de l’Inde : la sexualité ici est taboue, une des conséquences étant le  NPDA (no public display of affection ; ne pas montrer de signes affectueux en public). Par contre les dieux, eux, ne se gênent pas ;-) ! On raconte qu’après leur mariage, Parvati et Shiva « s'unissent sexuellement si intensément et si longtemps que le Cosmos entier en est secoué... » !

On raconte que Parvati a crée Ganesh à partir de l’essence de Shiva, son mari, lorsque celui-ci était parti faire la guerre pour protéger les dieux, car elle s’ennuyait d’être seule.

Quand Shiva est revenu, des années après, il n’a pas compris qui était ce jeune homme qui lui barrait l’entrée de sa propre maison. Ganesh ne connaissant pas non plus son père, ils se sont battus. Et Shiva a tranché la tête de Ganesh. Parvati est arrivée à ce moment-là et lui a dit que c’était à son propre fils qu’il venait de couper la tête. Shiva, souhaitant réparer son erreur, a dit à Parvati qu’il allait prendre la tête du premier être qu’il croiserait et grâce à ses pouvoirs, la remettrait à Ganesh. Et le premier être qu’il a croisé était un éléphant !

NB : ce n’est qu’une version de l’histoire, car comme toute mythologie qui se respecte, il existe toujours de nombreuses légendes autour d’un même fait.

Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos éléphants.

En 2011, Vinaka Chaturthi s’est déroulée le jeudi 1^er septembre. 

Lors de cette journée, fériée, les hindous (= les indiens pratiquant l’hindouisme, pour ceux qui confondent religion et nationalité ;-) se réunissent souvent en famille pour fabriquer des statues de Ganesh ou orner des statues achetées.

Il y en a de toutes les sortes, de quelques centimètres à plusieurs mètres de hauteur. J’en ai même vu une dans le journal faite en feuilles de bananier ou de palmier, pour respecter l’environnement ! J’adore ! Mais je reviendrai sur l’impact environnemental de cette fête quelques lignes plus loin …

A l’hôtel, comme nous sommes arrivés juste quelques jours avant cette fête, ils nous avaient fait un éléphant en serviettes de toilette !  

 

Ensuite, durant quelques jours (les dates et délais de cette fête varient légèrement selon les années), de nombreuses prières sont faites, matin et soir, pour honorer le dieu. Il a également droit à des offrandes, comme des sucreries par exemple.

Finalement, le dimanche, tout le monde va jeter son idole de Ganesh à la mer, afin que celui-ci leur porte chance.

Le dimanche, nous avons donc demandé à notre chauffeur de nous amener à la plage voir comment cela se déroule.

Nous avons croisé les chars transportant les statues :

Joyeux bordel, n'est-ce-pas ?

Nous avons ensuite demandé à Nishan (notre chauffeur) de nous amener à la plage où se déroule la procession et ... il n’a pas voulu ! Il ne pouvait pas y aller en voiture car la route était bloquée et il a refusé que nous y allions à pied. Il nous a dit que c’était trop dangereux pour nous, que des gens buvaient et donc que ce n’était pas sûr pour nous.

Encore un paradoxe : la consommation d’alcool est considérée comme l’un des cinq pêchés capitaux de l’hindouime (avec le meurtre d’un brahmane, le vol, l’adultère avec la femme de son gourou et la protection des criminels) et la vente d’alcool est strictement contrôlée par l’état, mais lors d’une fête religieuse, la cuite est de mise !

Donc nous n’avons pas pu voir les statues de Ganesh se faire mettre à l’eau, j’étais très très déçue et passablement frustrée (et un tantinet énervée) par l’attitude de Nishan. Il se sent certainement un peu responsable de nous  et ne voulait pas que l’on risque quoi que ce soit. Je le comprends bien sûr mais j'aurais aimé voir cette partie de la fête !

Mais ce n’est que partie remise ! L’an prochain, je trouverai un moyen d’y aller ;-)

Juste un petit mot sur l’impact environnemental ...

Avant les statues étaient faites en argile, que les gens prenaient sur leur terrain et elles se dissolvaient donc dans la mer sans problème. Or maintenant, les statues sont plus souvent achetées et les fabricants, pour économiser sur les coûts de fabrication, les font en plâtre ou en plastique ! 

En fouinant un peu sur le net, j’ai trouvé de nombreux articles dénonçant ces changements dans la pratique religieuse et leurs impacts environnementaux. De nombreux groupes, indépendants ou non de l’état, donnent quelques conseils :

- retourner à l’utilisation d’idoles faites en matériaux naturels (argile, terre, couleurs naturelles, feuilles …)

- pour orner la statue, ne pas utiliser de plastique mais plutôt des vêtements ou du bois, le mieux étant toujours d’utiliser des matériaux 100% biodégradables.

- revenir à la célébration ancestrale ou l’on immergeait l’idole chez soi, dans sa baignoire, ou dans un tank prévu à cet effet dans la ville. Une fois les matériaux dégradés, l’eau pourrait être utilisée pour arroser le jardin.

- si l’on ne peut pas avoir de statues en matériaux recyclables, participer à la procession, immerger Ganesh mais le ramener ensuite chez soi pour pouvoir le réutiliser plus tard.

- faire attention à la pollution sonore et limiter le volume de la musique pour les chants et danses traditionnelles.

(Source : http://www.indiaparenting.com/indian-culture/70_1553/eco-friendly-ganesh-chaturthi.html )

Cependant, pour l’instant, cela reste léger et aucune loi n’est passée à ce sujet. Les politiciens ont sans doute peur de toucher à une corde sensible s’ils s’attaquent à une fête religieuse et interdisent ces idoles en plâtre ou plastique, qui, par leur coût réduit, sont accessibles à une grande partie de la population.

Si vous êtes intéressés par ce côté environnemental des pratiques religieuses indiennes (et que vous parlez anglais), je vous invite à télécharger l’essai suivant qui s’intitule « Festivals: A Time of Celebration or Impending Environmental Disaster (A Comprehensive Analysis on Degradation of Indian Environment) by Sujoy Chatterjee and Dr. Prashant Mehta »

http://www.slideshare.net/prashantmehta371/festivals-a-time-of-celebration-or-impending-environmental-disaster